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Pourquoi la Chine a-t-elle lancé un missile balistique dans l’océan Pacifique?

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Pour la première fois depuis 1980, Pékin a effectué le 25 septembre un essai de missile balistique intercontinental dans l’océan Pacifique. Dans une région agitée par des tensions sur fond de rivalité sino-américaine, l’événement a fait réagir le Japon, la Nouvelle-Zélande et l’Australie qui ont envoyé des navires de guerre dans le détroit de Taïwan. Alors pourquoi cette décision chinoise ?

Un communiqué laconique. Quelques photos publiées jeudi par l’Armée populaire de Libération (APL). En apparence, Pékin reste relativement discret sur son premier lancement de balistique intercontinental dans l’océan Pacifique en 44 ans. Mais à l’échelle de la Chine, historiquement muette sur ses avancées balistiques et atomiques, cette relative transparence a surpris Ankit Panda, spécialiste de la prolifération nucléaire à la Fondation Carnegie pour la paix : « Les États-Unis effectuent des essais réguliers dans l’océan Pacifique, mais la raison pour laquelle on s’intéresse autant à ce lancement chinois, c'est qu’on a l’habitude du manque de transparence de la Chine au sujet de ses activités nucléaires. » Pékin a semble-t-il aussi fait les choses en accord avec les règles communément acceptées pour ce type de tir qui survole plusieurs pays. Les États-Unis, mais aussi la France, ont été alertés en avance afin d’éviter tout accident en mer. Le projectile avec une charge factice serait retombé à quelques encablures de la zone économique exclusive française, tout proche de la Polynésie Française.

Modernisation de l’arsenal nucléaire

Cela n’a pas empêché l’événement de provoquer l’ire de certains alliés des États-Unis dans la région. L’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon ont vivement protesté et manifesté leur inquiétude concernant la modernisation militaire de la Chine. Les trois pays ont fait traverser le détroit de Taïwan à des navires militaires. Une grande première pour un bateau de guerre nippon. Tokyo a aussi affirmé ne pas avoir été prévenu en amont.

Alors est-ce que Pékin cherchait à provoquer ses voisins ? À envoyer un message aux États-Unis en pleine Assemblée générale des Nations unies ? « Ce genre d’essais n’est pas intrinsèquement provocateur. Il y a plein de raisons techniques qui l’expliquent. Pour l’instant, je ne vois pas de preuve qu’il s’agit d’un acte délibéré pour faire passer un message, tempère Ankit Panda. Cela peut être une déclinaison d’un missile existant qui doit-être testé ou s’inscrire dans un effort plus général de modernisation de l’arsenal nucléaire chinois. »

Malgré la relative transparence chinoise, difficile d’identifier clairement le missile tiré. Les spécialistes de l’armement développé par l’Armée Populaire de Libération, plaident pour une version modifiée du DF-31A, un missile balistique intercontinental déployé depuis 2006. Une théorie en phase avec la portée identifiée de l’essai chinois de ce mercredi : un vol de près de 12 000 km depuis l’île d'Hainan, tout au sud du pays. Suffisant pour mettre une bonne partie du territoire américain sous sa menace.

Autre détail important, le communiqué de l’armée chinoise évoque une seule charge factice, ce qui ne plaide pas pour un missile disposant de la capacité de tirer plusieurs ogives. Mais si le manque d’informations nourrit les spéculations des observateurs du programme militaire chinois, une chose est certaine : la Chine veut changer de dimension dans le domaine atomique.

« Le pays se modernise »

Ses stocks actuels d’ogives nucléaires restent nettement inférieurs à ceux des mastodontes russes et chinois. Avec 410 missiles nucléaires selon l'institut international de recherche pour la paix de Stockholm en 2023, la Chine reste loin des 3 700 têtes nucléaires américaines et des près de 4 500 de la Russie.

Mais selon les autorités américaines, Pékin veut doubler le nombre d’ogives d’ici 2030. « La Chine avait historiquement une approche nucléaire inhabituelle dans le sens où elle se différenciait de la Russie et des États-Unis, précise Ankit Panda. Malgré son statut de superpuissance émergente, la Chine a gardé longtemps une force nucléaire, petite, légère et efficace, avec pour seul objectif d’être en mesure de répondre à toute attaque nucléaire contre son territoire. Mais aujourd’hui, le pays se modernise de façon à ressembler beaucoup plus à la Russie et aux États-Unis. »

Un effort qui signifie avoir plus de missiles près à l’emploi immédiat. Le Pentagoneestime que le rival chinois a construit plus de 300 silos pour missiles balistiques à longue portée. Une construction souterraine permettant un stockage plus sûr et un envoi rapide. Cette modernisation rapide de l’arsenal balistique à longue portée qui s’est accompagnée d’une vaste campagne anti-corruption à la fin de l’année dernière au sein de la « force des fusées » - organe de l’APL chargé du développement des missiles tirés depuis la terre ferme- nourrit une course à l’armement. « Cette situation suscite de l’inquiétude à Washington et les américains perçoivent que l’environnement nucléaire est moins favorable aux États-Unis, conclut le chercheur de la Fondation Carnegie pour la paix. Et cela risque de se traduire pour une réaction américaine dans les années à venir. »

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Un communiqué laconique. Quelques photos publiées jeudi par l’Armée populaire de Libération (APL). En apparence, Pékin reste relativement discret sur son premier lancement de balistique intercontinental dans l’océan Pacifique en 44 ans. Mais à l’échelle de la Chine, historiquement muette sur ses avancées balistiques et atomiques, cette relative transparence a surpris Ankit Panda, spécialiste de la prolifération nucléaire à la Fondation Carnegie pour la paix : « Les États-Unis effectuent des essais réguliers dans l’océan Pacifique, mais la raison pour laquelle on s’intéresse autant à ce lancement chinois, c'est qu’on a l’habitude du manque de transparence de la Chine au sujet de ses activités nucléaires. » Pékin a semble-t-il aussi fait les choses en accord avec les règles communément acceptées pour ce type de tir qui survole plusieurs pays. Les États-Unis, mais aussi la France, ont été alertés en avance afin d’éviter tout accident en mer. Le projectile avec une charge factice serait retombé à quelques encablures de la zone économique exclusive française, tout proche de la Polynésie Française.

Modernisation de l’arsenal nucléaire

Cela n’a pas empêché l’événement de provoquer l’ire de certains alliés des États-Unis dans la région. L’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon ont vivement protesté et manifesté leur inquiétude concernant la modernisation militaire de la Chine. Les trois pays ont fait traverser le détroit de Taïwan à des navires militaires. Une grande première pour un bateau de guerre nippon. Tokyo a aussi affirmé ne pas avoir été prévenu en amont.

Alors est-ce que Pékin cherchait à provoquer ses voisins ? À envoyer un message aux États-Unis en pleine Assemblée générale des Nations unies ? « Ce genre d’essais n’est pas intrinsèquement provocateur. Il y a plein de raisons techniques qui l’expliquent. Pour l’instant, je ne vois pas de preuve qu’il s’agit d’un acte délibéré pour faire passer un message, tempère Ankit Panda. Cela peut être une déclinaison d’un missile existant qui doit-être testé ou s’inscrire dans un effort plus général de modernisation de l’arsenal nucléaire chinois. »

Malgré la relative transparence chinoise, difficile d’identifier clairement le missile tiré. Les spécialistes de l’armement développé par l’Armée Populaire de Libération, plaident pour une version modifiée du DF-31A, un missile balistique intercontinental déployé depuis 2006. Une théorie en phase avec la portée identifiée de l’essai chinois de ce mercredi : un vol de près de 12 000 km depuis l’île d'Hainan, tout au sud du pays. Suffisant pour mettre une bonne partie du territoire américain sous sa menace.

Autre détail important, le communiqué de l’armée chinoise évoque une seule charge factice, ce qui ne plaide pas pour un missile disposant de la capacité de tirer plusieurs ogives. Mais si le manque d’informations nourrit les spéculations des observateurs du programme militaire chinois, une chose est certaine : la Chine veut changer de dimension dans le domaine atomique.

« Le pays se modernise »

Ses stocks actuels d’ogives nucléaires restent nettement inférieurs à ceux des mastodontes russes et chinois. Avec 410 missiles nucléaires selon l'institut international de recherche pour la paix de Stockholm en 2023, la Chine reste loin des 3 700 têtes nucléaires américaines et des près de 4 500 de la Russie.

Mais selon les autorités américaines, Pékin veut doubler le nombre d’ogives d’ici 2030. « La Chine avait historiquement une approche nucléaire inhabituelle dans le sens où elle se différenciait de la Russie et des États-Unis, précise Ankit Panda. Malgré son statut de superpuissance émergente, la Chine a gardé longtemps une force nucléaire, petite, légère et efficace, avec pour seul objectif d’être en mesure de répondre à toute attaque nucléaire contre son territoire. Mais aujourd’hui, le pays se modernise de façon à ressembler beaucoup plus à la Russie et aux États-Unis. »

Un effort qui signifie avoir plus de missiles près à l’emploi immédiat. Le Pentagoneestime que le rival chinois a construit plus de 300 silos pour missiles balistiques à longue portée. Une construction souterraine permettant un stockage plus sûr et un envoi rapide. Cette modernisation rapide de l’arsenal balistique à longue portée qui s’est accompagnée d’une vaste campagne anti-corruption à la fin de l’année dernière au sein de la « force des fusées » - organe de l’APL chargé du développement des missiles tirés depuis la terre ferme- nourrit une course à l’armement. « Cette situation suscite de l’inquiétude à Washington et les américains perçoivent que l’environnement nucléaire est moins favorable aux États-Unis, conclut le chercheur de la Fondation Carnegie pour la paix. Et cela risque de se traduire pour une réaction américaine dans les années à venir. »

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