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Sahra Wagenknecht, la «conservatrice de gauche» au cœur du jeu politique allemand
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La presse allemande a qualifié de « coup de tonnerre » le score très élevé obtenus par le parti d’extrême droite AfD lors des élections régionales qui se sont tenues le 1er septembre en Saxe et en Thuringe. Mais c’est bien le BSW qui va se trouver au centre du jeu politique dans ces deux régions. Ce parti qualifié par les observateurs « d’ovni politique » a été fondé il y a un moins d’un an par Sahra Wagenknecht, une personnalité issue de la gauche radicale très populaire en Allemagne de l’Est.
Sahra Wagenknecht ne cachait pas sa jubilation après le scrutin du 1ᵉʳ septembre : avec 11 % des voix en Saxe et plus de 15 % en Thuringe, l’ancienne économiste peut se targuer d’avoir largement rempli son pari. En moins d’un an, son parti BSW (qui signifie Alliance Sahra Wagenknecht) a obtenu 6 % aux élections européennes avant d’arriver en troisième position, derrière l’AFD et la CDU, lors de ce scrutin régional très observé.
Derrière ce succès fulgurant, il y a d’abord et avant tout une personnalité détonante : née en Allemagne de l’Est en 1969, Sahra Wagenknecht s’est fait un nom et une réputation au sein de la gauche radicale, mais aussi sur les plateaux de télévision où elle s’est très vite distinguée. « Elle a un charisme indéniable et en même temps une force de conviction assez forte, pointe Eric-André Martin, spécialiste de l’Allemagne. C'est quelqu'un qui a une légitimité pour faire de la politique dans les nouveaux Länder, dans la mesure où elle a été formée à l'école communiste. »
À lire aussiEn Allemagne, un nouveau parti radical à gauche pour contrer l'extrême droite
En 1989, elle prend sa carte du SED, le parti communiste encore au pouvoir… juste avant la fin du régime est-allemand. Puis, elle poursuit sa carrière au sein du PDS, au sein duquel se retrouvent les communistes de l’ex-RDA. Dans les années 2000, elle accompagne son futur mari, Oskar Lafontaine, dans la création de Die Linke, qu’elle quitte avec fracas à la fin 2023. À ses yeux, le parti de gauche radicale s’est par trop éloigné de la classe ouvrière - alors qu’elle-même a adopté des convictions plus que conservatrices sur certaines thématiques, et notamment sur l’immigration.
« Elle est restée fidèle à ses idéaux marxistes sur le plan économique, mais elle a un discours ultraconservateur, très décomplexé sur les migrants, décrypte Elisa Goudin-Steinmann, professeure en études germaniques à la Sorbonne. Elle fustige les gens qui roulent à vélo et qui "boivent du lait d'avoine" comme elle l’a dit dans un récent discours, bref cette gauche des grandes villes qui défend les minorités et les LGBT, mais qui auraient renoncé aux fondamentaux de la gauche : la défense du peuple, des travailleurs, etc. Elle est restée fidèle à une partie du programme communiste, et a effectué un virage à droite sur d’autres questions. Cela en fait une sorte d’ovni politique assez étonnant. »
« Faiseuse de roi »
Un cocktail politique un peu particulier, mais qui fonctionne très bien dans les régions de l’ex-RDA, où se trouve le vivier électoral de la nouvelle formation. Cet électorat est sensible à ses déclarations sur la lutte contre l’immigration, mais aussi sur la guerre en Ukraine. Accusée par ses détracteurs de faire en Allemagne le jeu du Kremlin, Sahra Wagenknecht veut réduire, en effet, le soutien apporté à Kiev depuis février 2022.
« C'est aussi dans la continuité de ses origines et de son militantisme est-allemand, souligne Eric-André Martin. Dès le départ, c'est-à-dire dès 2022, elle a considéré que cette guerre en Ukraine méritait une approche beaucoup plus nuancée de la part des Occidentaux. Et elle s'est opposée à la politique de soutien à travers des fournitures importantes d'armes et l'absence de perspectives diplomatiques. » Sahra Wagenknecht n’a pas hésité, durant la campagne électorale pour ces élections régionales, à en faire une condition pour une éventuelle alliance au sein des Länder. « Elle a clairement dit que si on voulait faire coalition avec elle, elle ne le ferait qu'avec un parti qui milite pour une solution diplomatique en Ukraine et qui s'oppose au déploiement d'armes américaines sur le territoire allemand. »
Cette condition pourrait fortement compliquer les tractations qui vont s’ouvrir entre le BSW et la CDU – le Parti conservateur étant au niveau national un fervent partisan du soutien à l’Ukraine. Mais la CDU n’a pas d’autre choix que de négocier avec l’ancienne communiste. Arrivée en première position en Saxe et en deuxième position en Thuringe, le parti chrétien-démocrate aura besoin d’elle pour faire barrage à l’AFD. « Elle a une position qui est très importante parce qu'elle va être une "faiseuse de rois", relève Elisa Goudin-Steinmann. Au sein de la CDU, plusieurs personnalités ont déjà annoncé déjà qu'elles accepteraient de travailler avec elle, mais il faudra voir comment ils réussiront à trouver des compromis. Une alliance entre chrétiens-démocrates et une ancienne communiste, ce serait tout de même un attelage un peu bizarre. »
Un premier test à l’échelon régional qui se prolongera le 22 septembre prochain avec les élections au gouvernement régional du Brandebourg (région de Berlin). Au-delà de ces élections régionales, Sahra Wagenknecht espère s’implanter au niveau national – et ambitionne de continuer à marquer des points lors des législatives qui auront lieu, au niveau fédéral, à l’automne 2025. Des sondages effectués avant les scrutins régionaux du 1er septembre lui accordaient de 8 % à 9 % des intentions de vote, devant Die Linke et le FDP, et seulement à quelques points derrière les Verts.
À lire aussiAllemagne: le BSW, un cocktail politique inédit fait de gauche sociale et de droite anti-immigration
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La presse allemande a qualifié de « coup de tonnerre » le score très élevé obtenus par le parti d’extrême droite AfD lors des élections régionales qui se sont tenues le 1er septembre en Saxe et en Thuringe. Mais c’est bien le BSW qui va se trouver au centre du jeu politique dans ces deux régions. Ce parti qualifié par les observateurs « d’ovni politique » a été fondé il y a un moins d’un an par Sahra Wagenknecht, une personnalité issue de la gauche radicale très populaire en Allemagne de l’Est.
Sahra Wagenknecht ne cachait pas sa jubilation après le scrutin du 1ᵉʳ septembre : avec 11 % des voix en Saxe et plus de 15 % en Thuringe, l’ancienne économiste peut se targuer d’avoir largement rempli son pari. En moins d’un an, son parti BSW (qui signifie Alliance Sahra Wagenknecht) a obtenu 6 % aux élections européennes avant d’arriver en troisième position, derrière l’AFD et la CDU, lors de ce scrutin régional très observé.
Derrière ce succès fulgurant, il y a d’abord et avant tout une personnalité détonante : née en Allemagne de l’Est en 1969, Sahra Wagenknecht s’est fait un nom et une réputation au sein de la gauche radicale, mais aussi sur les plateaux de télévision où elle s’est très vite distinguée. « Elle a un charisme indéniable et en même temps une force de conviction assez forte, pointe Eric-André Martin, spécialiste de l’Allemagne. C'est quelqu'un qui a une légitimité pour faire de la politique dans les nouveaux Länder, dans la mesure où elle a été formée à l'école communiste. »
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En 1989, elle prend sa carte du SED, le parti communiste encore au pouvoir… juste avant la fin du régime est-allemand. Puis, elle poursuit sa carrière au sein du PDS, au sein duquel se retrouvent les communistes de l’ex-RDA. Dans les années 2000, elle accompagne son futur mari, Oskar Lafontaine, dans la création de Die Linke, qu’elle quitte avec fracas à la fin 2023. À ses yeux, le parti de gauche radicale s’est par trop éloigné de la classe ouvrière - alors qu’elle-même a adopté des convictions plus que conservatrices sur certaines thématiques, et notamment sur l’immigration.
« Elle est restée fidèle à ses idéaux marxistes sur le plan économique, mais elle a un discours ultraconservateur, très décomplexé sur les migrants, décrypte Elisa Goudin-Steinmann, professeure en études germaniques à la Sorbonne. Elle fustige les gens qui roulent à vélo et qui "boivent du lait d'avoine" comme elle l’a dit dans un récent discours, bref cette gauche des grandes villes qui défend les minorités et les LGBT, mais qui auraient renoncé aux fondamentaux de la gauche : la défense du peuple, des travailleurs, etc. Elle est restée fidèle à une partie du programme communiste, et a effectué un virage à droite sur d’autres questions. Cela en fait une sorte d’ovni politique assez étonnant. »
« Faiseuse de roi »
Un cocktail politique un peu particulier, mais qui fonctionne très bien dans les régions de l’ex-RDA, où se trouve le vivier électoral de la nouvelle formation. Cet électorat est sensible à ses déclarations sur la lutte contre l’immigration, mais aussi sur la guerre en Ukraine. Accusée par ses détracteurs de faire en Allemagne le jeu du Kremlin, Sahra Wagenknecht veut réduire, en effet, le soutien apporté à Kiev depuis février 2022.
« C'est aussi dans la continuité de ses origines et de son militantisme est-allemand, souligne Eric-André Martin. Dès le départ, c'est-à-dire dès 2022, elle a considéré que cette guerre en Ukraine méritait une approche beaucoup plus nuancée de la part des Occidentaux. Et elle s'est opposée à la politique de soutien à travers des fournitures importantes d'armes et l'absence de perspectives diplomatiques. » Sahra Wagenknecht n’a pas hésité, durant la campagne électorale pour ces élections régionales, à en faire une condition pour une éventuelle alliance au sein des Länder. « Elle a clairement dit que si on voulait faire coalition avec elle, elle ne le ferait qu'avec un parti qui milite pour une solution diplomatique en Ukraine et qui s'oppose au déploiement d'armes américaines sur le territoire allemand. »
Cette condition pourrait fortement compliquer les tractations qui vont s’ouvrir entre le BSW et la CDU – le Parti conservateur étant au niveau national un fervent partisan du soutien à l’Ukraine. Mais la CDU n’a pas d’autre choix que de négocier avec l’ancienne communiste. Arrivée en première position en Saxe et en deuxième position en Thuringe, le parti chrétien-démocrate aura besoin d’elle pour faire barrage à l’AFD. « Elle a une position qui est très importante parce qu'elle va être une "faiseuse de rois", relève Elisa Goudin-Steinmann. Au sein de la CDU, plusieurs personnalités ont déjà annoncé déjà qu'elles accepteraient de travailler avec elle, mais il faudra voir comment ils réussiront à trouver des compromis. Une alliance entre chrétiens-démocrates et une ancienne communiste, ce serait tout de même un attelage un peu bizarre. »
Un premier test à l’échelon régional qui se prolongera le 22 septembre prochain avec les élections au gouvernement régional du Brandebourg (région de Berlin). Au-delà de ces élections régionales, Sahra Wagenknecht espère s’implanter au niveau national – et ambitionne de continuer à marquer des points lors des législatives qui auront lieu, au niveau fédéral, à l’automne 2025. Des sondages effectués avant les scrutins régionaux du 1er septembre lui accordaient de 8 % à 9 % des intentions de vote, devant Die Linke et le FDP, et seulement à quelques points derrière les Verts.
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